Registre A110

par Yves-hervé dujardin

17788 (texte de Gilles Vallerian)

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17788 a été fabriqué un an avant le Championnat du Monde 1973 : sa mise en circulation date du 6 janvier 1972, juste avant le Rallye de Monte-Carlo. La voiture a été choisie dans les réserves du Service Compétition d’Alpine pour la deuxième épreuve du championnat, le Rallye de Suède qui n'était pas inscrite au programme Alpine, seuls Darniche et Nicolas devant y participer en Renault 12 Gordini. En fait, il s'agit d'un cadeau du directeur sportif, Jacques Cheinisse, au grand pilote qu'est Jean-Luc Thérier : celui-ci trouve dans sa corbeille de mariage un billet d'avion pour ce rallye, qui se déroule 5 jours plus tard ! Son épouse a dû fraîchement apprécier... Pour cette épreuve, l'usine a ressorti ce vieux modèle de 1972, monté avec les petites ailes pour jantes de 5 ½ pouces, les larges ailes pagodes étant inutiles sur des spéciales complètement enneigées.

Revenons un instant sur son début de carrière au Monte Carlo 1972 :

17788 est affectée au vainqueur de la précédente édition sur berlinette, le Suédois Ove Andersson qui part grand favori. Il est premier à l'issue du parcours commun suivi par Bernard Darniche et Sandro Munari sur Lancia Fulvia HF. Malheureusement, la boîte de vitesses cassa sur les deux Alpine. Ce fut une vraie « Bérézina » pour les bleues, Andruet, Thérier et Nicolas sortant de la route. Bob Neyret, créateur de l'écurie féminine Aseptogyl, sauva l'honneur de la marque dieppoise en finissant septième.

Jean-Luc Thérier embarque donc à Orly avec son coéquipier Marcel Callewaert, deux jours après son mariage. Il n'a absolument pas reconnu et va se servir des notes de Jean-Pierre Nicolas. Ce n'est pas pour déplaire au Normand qui est un improvisateur né et déteste apprendre par cœur la route. De plus, cette année-là les pneus à clous sont interdits pour deux raisons : pour éviter de dégrader les routes et afin de pousser les fabricants de pneus à améliorer les enveloppes. Cela ne fait pas l'affaire de la berlinette, une propulsion est ainsi désavantagée par rapport aux tractions avant, reines de la neige, les Saab. L'Alpine est équipée d'un moteur 1600 et de pneus neige Michelin M+S. Le Normand fit un véritable festival, se plaçant en troisième position devant des Suédois sidérés : Kallstrom sur sa Lancia se demandant alors comment faisait ce diable de Français, qui se permettait même de faire le meilleur temps sur l'hippodrome de Travbana. Quatre fois Thérier sortira de la route, sans mal, remis en selle par les spectateurs. La cinquième fois il ouvre son train avant. Nullement découragé il remplace une rotule par un boulon et se traine jusqu'à l'assistance qui n'a pas la pièce : qu'à cela ne tienne, une Renault 8 locale sera "cannibalisée" !

Thérier remporte une troisième place inespérée et apporte 12 points à la marque française qui en totalise désormais 32. Stig Blomqvist, le vainqueur sur Saab, est médusé : jamais un Européen du sud n'a réalisé une telle performance. Après le Rallye de Suède, tous les pilotes le surveilleront de près, le sachant capable des exploits les plus incroyables.

17788 est révisée à Dieppe et équipée d'ailes plates. Elle est revendue par le Service Compétition d’Alpine au garaqe Poulain d'Avranches, le 6 mars. Hervé Poulain, le célèbre commissaire-priseur, a déjà fait plusieurs saisons sur des berlinettes lorsqu'il se décide à acheter la voiture de Thérier et la fait livrer au garage de son frère. Il l'utilise début 1973, sur des épreuves du Grand Ouest (Critérium de Touraine, Rallye de l'Ouest) et garde un souvenir mitigé de l'auto : en fait, il estime aujourd'hui qu'elle n'a jamais vraiment bien fonctionnée, était très difficile à régler et devait probablement ses quelques tares à une précédente vie quelque peu mouvementée ! Hervé Poulain la vend quelques mois après à Roger Bancal, qui l'immatricule 9229 ZL 75 et l'utilise dans plusieurs grands rallyes nationaux. Il la monte avec les ailes bulles en début d'année 1974. Pendant l'été, il la cède à Marc Masquelet, un ingénieur aéronautique lyonnais fidèle à la marque Alpine. Elle reçoit l’immatriculation 4350 FL 69 et entame une longue série de rallyes en Groupe 4 puis Groupe 5 : Ronde Cévenole. Vercors, Lyon-Charbonnières, Ronde Limousine, Livradois-Forez, Cévennes. Des casses mécaniques vont ponctuer sa nouvelle carrière, comme à la Ronde de la Durance 1976, où 17788 se retrouve en concurrence avec 18292, une autre ex-usine du championnat du Monde. Le pilote lyonnais s’en sépare en 1980 et sa trace est perdue.


État connu des participations, châssis 17788 :

21 au 28 janvier 1972, Rallye de Monte-Carlo, n°11, Andersson/Davenport - Abandon

15 au 18 février 1972, Rallye de Suède, n°11, Thérier/Callewaert - 3ème

8 avril 1973, Critérium de Touraine, n° inconnu, Poulain - 7ème international

1er mai 1973, Rallye Ouest-Armor, n° inconnu, Poulain/Canado - 9ème

1973, diverses courses de côte, numéros inconnus, Poulain

3 juin 1973, Rallye du Touquet, n° inconnu, Bancal/Ferard - 2ème national

31 octobre 1973, Ronde de la Châtaigne, n° inconnu, Bancal/Ferard - 3ème

11 novembre 1973, Tour de la Nièvre, n° 9, Bancal/Ferard - 2ème

31 mars 1974, Ronde de Touraine, n° inconnu, Bancal - 4ème

9 et 10 avril 1974, Critérium de la Côte Fleurie, n° inconnu, Bancal/Ferard - 3ème

20 et 21 avril 1974, Critérium de l'Ouest, n° inconnu, Bancal/Ferard - 8ème

25 et 26 avril 1974, Ronde de La Baule, n° inconnu, Bancal/Ferard - 3ème

De 1974 à 1979, nombreuses épreuves dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, Masquelet.

Voiture ayant remporté la Coupe de France des Rallyes Fédéraux en 1978 avec un moteur de 1860 cm3 de cylindrée préparé par Marc Mignotet (milles Miles n° 156)

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